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29 octobre 2019

Le trio de l’attractivité

MécaSphère

L’attractivité d’une entreprise repose sur la capacité qu’elle a de se mettre en valeur. Mais elle dépend aussi de son environnement culturel, socio-économique, fiscal et du territoire. Trois plans sur lesquels la FIM et ses partenaires peuvent apporter leur concours.

1 - La marque employeur, moteur de l’attractivité

Les industriels abordent souvent la question de l'attractivité sous le seul angle du recrutement et des outils pour attirer les candidats. La marque employeur est une démarche plus large qui vise à développer son attractivité en travaillant sur son projet, sa mission, ses valeurs, sa politique en matière de ressources humaines comme d’environnement, sa performance, son rayonnement, jusqu’à la marque personnelle du dirigeant.

Bref, tout ce qui fait la singularité de l’entreprise. Un sujet sur lequel ont planché des industriels du CDM (Comité de développement des industries mécaniques matériaux des Pays de la Loire). Parmi eux, David Guiheux, directeur général de 3G Industrie, une PME de cintrage et de mécanosoudure de 10 salariés, qui estime que tout commence par "le respect et l’estime que l’on porte à ses salariés. Cela passe par de petites actions au quotidien, mais aussi par un état d’esprit et une organisation du travail qui laisse une grande autonomie. Nous sommes toujours en mouvement et nous investissons régulièrement dans l’innovation, ce qui est également un moyen d’attirer les jeunes". Reconnue comme une entreprise solide qui respecte ses engagements, 3G Industrie a obtenu le label EPV (Entreprise du patrimoine vivant), qui distingue des savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence.

Également membre du CDM, Thierry Pelé, directeur des ressources humaines du groupe AIM a agi dans trois directions. D’abord, le bien-être au travail avec une série de mesures qui facilitent la vie des collaborateurs. Un ostéopathe intervient deux fois par mois sur le lieu et sur le temps de travail. Un partenariat a été établi avec une crèche locale pour réserver des places aux collaborateurs, notamment ceux qui travaillent en équipe et qui ont des horaires atypiques. Un système de co-voiturage a été mis en place avec la Communauté de communes de Lanion (Côte d’Armor). De plus en plus aujourd’hui, les éléments environnementaux et de sauvegarde de la planète font partie des éléments différenciants pris en compte par les futurs salariés. Ensuite, la dématérialisation des activités de production. «En trois ans, nous allons éliminer tous les enregistrements manuels et papier, grâce à des tablettes sur chaque poste de travail, jusqu’à la géolocalisation des pièces dans les usines. C’est très apprécié des collaborateurs et pas seulement des plus jeunes «, indique Thierry Pelé.

Enfin, la communication. L’entreprise a recruté une collaboratrice chargée de cet aspect. Elle utilise les technologies les plus séduisantes pour présenter ses activités, réalité virtuelle à 360° par exemple, et elle est naturellement très active sur les réseaux sociaux.

Pour Thomas Meyer, directeur général de Socaps, une entreprise spécialisée dans l’assistance à l’exploitation d’outils industriels, "les réseaux sociaux ont bouleversé le rapport au travail et à la hiérarchie. Il faut désormais donner du sens et considérer les questions du recrutement et de l’intégration comme stratégiques. De fait, nous y consacrons 5 à 6 % du chiffre d’affaires." Socaps, qui a le statut de coopérative, s'engage à reverser 10 % de ses profits à des projets associatifs que les collaborateurs peuvent proposer et suivre.

"Nous avons monté une plateforme sur laquelle les 800 collaborateurs du groupe répartis dans 40 pays peuvent échanger de manière ludique." Et ça marche, le groupe parvient à recruter dans des métiers pourtant en tension pour assurer une croissance annuelle de 15 %.

La FIM soutient les industriels dans cette mise en valeur de leur attractivité, notamment en matière de recrutement. Elle est présente sur les salons pour valoriser la mécanique et faire découvrir aux jeunes la réalité d’un monde industriel dont ils ne soupçonnent pas l’attractivité, ni la diversité de ses métiers. Avec l’association "Elles bougent", la FIM cible prioritairement les adolescentes, insuffisamment représentées dans les effectifs.

2- Le territoire, terreau de l’attractivité

"Le développement de l'entreprise est très lié à l'attractivité du territoire sur lequel il est installé. Entre industrie et territoire, il faut trouver un équilibre et une complémentarité." C’est ainsi que Didier Marchandise, président de Tech’Surf, une association d’industriels qui accompagne le développement de la plateforme du Pôle Formation UIMM Traitement de surface à Redon, exprime la nécessité pour les industriels de disposer sur leur territoire des éléments de base (transports, logements, connectivité, main-d’oeuvre, formation, etc.), mais aussi d’une dynamique.

"Redon Agglomération est particulièrement ouverte pour favoriser les échanges entre industriels et développer les actions de valorisation de l’industrie. Elle a ainsi créé une agence d’attractivité !"

Un dispositif gouvernemental, "Territoires d’industrie", vise à dynamiser l’industrie dans 141 sites répartis dans l’Hexagone. Il est doté d’1,36 milliard d’euros. Le Premier Ministre l'explique ainsi : "Notre démarche de reconquête industrielle est territoriale, avec un véritable changement de méthode qui met les régions et les intercommunalités au coeur du dispositif. Tout cela nous permettra de mieux travailler ensemble à l’avenir de l’industrie française". Ce programme comprend quatre volets dont l'attractivité.

Par son action régionale, la FIM maille le territoire et travaille avec les acteurs économiques. Elle favorise le financement de programmes économiques et d’actions collectives qui contribuent à l’attractivité des entreprises comme des territoires, en lien avec les politiques régionales. Dans les Hauts-de-France, le programme de développement économique de la Région Cap'Industrie comprend dans sa gouvernance la FIM, le Cetim, l’UIMM et la CCIR. Sur le même principe, le programme Breizh Fab en Bretagne aide au développement et à l’attractivité des industries bretonnes.

Pour Benoist Clouet, directeur des actions régionales et du financement des entreprises à la FIM, "ces programmes permettent aux industriels de travailler en réseau, de se nourrir de l’expérience des autres et d’échanger des outils et des bonnes pratiques au service de leur performance. L’action collective est nécessaire dans un univers toujours plus complexe, voire incompréhensible. C’est tout le sens des journées Prospective organisées dans les Pays de la Loire, les Hauts-de-France et la Bretagne. Le thème de l’attractivité y est régulièrement abordé."

La FIM et le Cetim s’attachent aussi à créer des écosystèmes pour attirer les industriels comme les investisseurs. "C’est l’un des enjeux d’ID Center dans la vallée de l’Arve", illustre Daniel Richet, directeur général du Cetim. «Ce technocentre est une vitrine de l’excellence française dans le domaine du décolletage. "Dans le même esprit, Pima@tech, créé par la Région Hauts-de-France, le Cetim et Axema*, avec le concours des industriels Gima et AGCOMassey Fergusson, sera dès 2020 un centre d’expertise du machinisme agricole basé à Beauvais. «Il a permis de maintenir en France une activité dans ce domaine, qui aurait pu partir en Allemagne", souligne Daniel Richet.

3 - L’environnement économique, carburant de l’attractivité

La France redevient un pays attractif. Elle le doit essentiellement au niveau de ses infrastructures, à la productivité horaire du travail supérieure à celle de l’Allemagne et du Royaume-Uni et à la qualité de sa main-d’oeuvre.

Parmi les autres facteurs d’attractivité d’un pays, la fiscalité occupe bien sûr une place importante. Si certaines dispositions, comme le crédit-impôt recherche, unique en Europe, joue en faveur de l’Hexagone, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Selon le rapport 2018 sur la fiscalité de production d’Yves Dubief, président de l’Union des Industries Textiles, et de Jacques Le Pape, inspecteur général des finances, "les prélèvements obligatoires sur la production en France sont plus nombreux et plus élevés que dans les pays comparables". Les impôts sur la production payés par les entreprises en 2016 sont estimés à 72 milliards d’euros, soit 3,2 % du PIB, contre 1,6 % en moyenne dans la zone euro. En tendance, ils progressent plus vite que le PIB entre 2007 et 2016. Depuis de nombreuses années, la FIM sensibilise les industriels et les pouvoirs publics à ce sujet. Elle a ainsi conçu un calculateur qui permet aux industriels de quantifier l’impact de ces taxes sur leurs résultats. Elles prélèveraient 4,5 % de la valeur ajoutée des entreprises.

 

*Syndicat des industriels de l'agroéquipement

 

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