© Julien KNAUB
14 octobre 2019

Faire bouger les mentalités pour féminiser l’industrie

Depuis 2005, l’association Elles bougent œuvre pour que les métiers techniques soient promus auprès des collégiennes, lycéennes et étudiantes. Sa mission : mettre fin aux préjugés véhiculés par la société, les familles et l’éducation en immergeant les filles dans l’univers de l’industrie. La FIM parraine l’association depuis sept ans.

Dans la problématique plus large d'attractivité des métiers, l’industrie mécanique a du mal à séduire les femmes. Marie-Sophie Pawlak, ingénieure de formation, plus de 15 ans de R&D industrielle dans sa valise, ne s’est pour autant jamais dit "l’industrie, ce n’est pas fait pour moi". Et elle compte bien faire germer cette idée dans la tête des filles.

MécaSphère : pourquoi l'industrie peine à recruter des femmes ?

Marie-Sophie Pawlak :
Les causes sont multiples. Les filles sont plus facilement orientées vers le soin, la médecine, etc. à la fois par les prescripteurs d’orientation à l’école et les familles. L’image de l’industrie véhiculée par les médias n’est pas assez attirante. Les gens pensent bien faire en montrant qu’il faut mettre un casque jaune, des lunettes de protection, etc. Sauf qu’en plus de trouver leur voie professionnelle, les collégiennes et lycéennes se cherchent aussi en tant que femmes. Cette image occulte toute féminité alors qu’on ne porte plus sa tenue de travail une fois sortie de l’usine.

M : quelles actions mènent l'association pour changer ces à priori ?

M-S. P. : Notre objectif est de susciter auprès d’elles des vocations pour les secteurs en manque de talents féminins : la mécanique, l'aéronautique, la défense, etc. Pour cela, l’association organise 400 événements par an à travers la France : visites d’entreprises*, participations à des salons industriels comme lors du dernier Global Industrie où nous avons mené une action avec la FIM (voir l'article). Et le point d’orgue, c’est la rencontre entre les filles et des femmes travaillant dans l’industrie (les marraines)**, qui peuvent discuter de façon informelle sur les métiers. On touche ainsi 25 000 filles par an.

M : qu'en pensent les intéressées ?

M-S. P. : Le retour est très positif ! On réalise des sondages avant/après les rencontres. Par exemple dans le cadre d’une rencontre sur le numérique, 70 % ne connaissaient rien au secteur en arrivant alors qu’après la visite, 52 % pensaient y travailler plus tard. Et puis, on commence à avoir des marraines qui ont découvert l’industrie il y a 10 ans lors d’une visite organisée par l’association. C’est un cercle vertueux qu’on continue d’alimenter.

*Les entreprises intéressées peuvent parrainer l’association.

**Les femmes, techniciennes et ingénieures, travaillant au sein des entreprises partenaires de l’association peuvent devenir marraines en s’inscrivant sur le site www.ellesbougent.com

 

Quelques chiffres

33 % de femmes en moyenne dans les écoles d’ingénieur. C’est le type d’établissement le moins féminisé.

15-20 % de femmes occupant un poste technique en entreprise.

+ 5 % de femmes dans l’industrie entre 2005 et 2015 (23 % en 2015)

Sources : Baromètre Egalité Femmes-Hommes CGE 2018 et Elles bougent

 

Retrouvez le magazine MécaSphère de juin 2019 dans son intégralité

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